mercredi 27 février 2019

De Savannakhet à Paksé


C'est à Savannakhet que le séjour de Katia en notre compagnie se termine. Nous passons notre dernière soirée au marché de nuit qui est très agréable puis c'est l'heure de se dire au revoir. C'est passé très vite, trop vite... Malgré les difficultés du parcours, Katia semble quand même avoir apprécié son 1er voyage à vélo !


Elle prend le bus de nuit qui va la ramener à Vientiane et de notre côté, nous prenons un bus le lendemain matin pour le sud. Eh oui, encore du bus car la route qui même vers le sud n'est pas intéressante de l'avis de tous les cyclovoyageurs que nous avons croisés.
Prochaine étape : le plateau des bolavens. En effet, comme finalement nous arrivons aussi à grimper des côtes en Asie, nous avons décidé de nous attaquer à cet un autre plateau qui devrait nous offrir également de beaux paysages. En plus l'avantage d'être en altitude, plutôt que de rester au bord du Mékong, est que les températures sont bien plus agréables. Et nous ne sommes pas contre un peu de fraîcheur car la chaleur a bien augmenté ces derniers jours et devient de plus en plus difficile à supporter. Suivant les conseils de notre ami cycliste Adrian, croisé à plusieurs reprises sur le parcours, nous nous arrêterons avant Paské pour prendre une route qui nous amènera au nord du plateau des bolavens. Ce n'est pas la route classiquement empruntée par tous les touristes mais Adrian nous en a vanté les paysages.

Nous retrouvons dans le bus un cyclovoyageur français, croisé à Savannakhet avec qui nous avions discuté de notre itinéraire et qui a eu l'envie de faire la même chose.
Le bus est assez confortable mais ce nouveau trajet confirme que nous préférons être sur les vélos que dans un bus. Nous avons la chance d'avoir des places assisses car nous sommes arrivés assez tôt. Lorsque le bus quitte Savannakhet, il y a déjà des gens assis sur des tabourets en plastique dans l'allée centrale et il s'arrête dans chaque village pour charger de nouvelles personnes qui, faute de tabourets disponibles, passeront leur trajet (plusieurs heures) debout.
Lors de l'un des arrêts, vers 10h, le bus est envahi par des vendeuses qui proposent tout un tas de choses à manger : brochettes de poulet grillet, riz collant, etc... C'est très pratique, même pas besoin de descendre du bus pour s'acheter à manger. Comme les enfants ont un petit creux, la collation du matin sera faite au "riz collant": on se met à la mode laotienne !





Ce trajet sera probablement notre dernier trajet en bus du voyage et tant mieux car même si nous étions bien mieux installés que lors du précédent, cela reste assez pénible.
Le lendemain, nous nous levons tôt car nous avons une grosse journée devant nous : 70 km à parcourir, certes sur du plat, mais 70 km quand même. Nous roulons très bien jusqu'à 50 km mais Chloé à un coup de mou et nous nous arrêtons manger une soupe. Cela nous permet de retrouver l'énergie pour boucler les 20 derniers km sous une chaleur torride. Dès notre arrivée en ville nous nous arrêtons à la première gargote pour boire une boisson fraîche. Dur, dur de rouleur sous cette chaleur...Malgré tout, nous nous sommes régalés des paysages sur ce bout de route ; Adrian ne nous avait pas menti : de belles rizières toutes vertes alors que nous avions plutôt vu jusque là des rizières à sec.




Le lendemain petite journée de pédalage qui nous amène à Tad Lo. Nous arrivons à destination à 10h30 mais sommes quand même en nage car les températures grimpent de plus en plus tôt dans la matinée. Dès notre arrivée, nous sommes émerveillés par l'environnement dans lequel se trouve le village : belle rivière avec une cascade, une belle végétation bien touffue. Nous sentons que nous allons nous plaire ici.




Nous trouvons une guesthouse avec de petits bungalows avec vue sur la rivière, petite terrasse et hamac. Le bonheur ! Nous voyons les villageois venir se laver et laver leur linge dans la rivière et les enfants jouer pendant des heures dans l'eau.



Cerise sur le gâteau : il y a deux éléphants dans le village. Nous pouvons donc honorer la promesse de balade à dos d'éléphant faite aux enfants.






Après la balade, nous assistons au bain des éléphants, puis c'est au tour des enfants de faire trempette au milieu de nombreux enfants du village.






Les enfants élisent cette journée meilleure journée depuis que nous sommes arrivés en Asie et ils n'ont pas envie de repartir dès le lendemain. Du coup, nous décidons de rester une journée de plus, il y a d'autres cascades à voir tout près de Tad Lo, et c'est vrai que nous sommes bien ici.

Pendant notre 2ème journée à Tad Lo, nous partons faire un tour en marchant pour aller voir les autres cascades à quelques kilomètres du village. Comme nous n'avons pas de plan bien précis, nous nous perdons un peu au milieu des champs. Nous essayons de suivre deux laotiennes qui semblent aller dans la bonne direction mais elles marchent trop vite pour nous nous et nous les perdons de vue. Par sécurité, nous préférons retourner sur la route. En effet, le Laos est le pays qui a été le plus bombardé au monde, pendant la guerre du Vietnam et il y a donc beaucoup de mines antipersonnelles, notamment dans la région des bolavens. Il est donc fortement déconseillé de sortir des sentiers bien marqués, nous préférons donc être prudents. En arrivant dans un village tout proche de la cascade, nous sommes pris en charge par un groupe d'enfants qui nous guident jusqu'à la cascade.

Nous nous attendions à quelque chose de grandiose mais nous sommes bien déçus : la construction d'un barrage en amont ajouté au fait que nous sommes en saison sèche a considérablement réduit le débit de la cascade. De retour au village, nous comprenons que l'aide des enfants n'était pas désintéressée. Ils nous demandent de l'argent : à la place nous leur offrons des bonbons. Un seul nous adressera un sourire et un merci, les autres sont déçus car ils attendaient des billets...




Au retour, nous prenons un autre itinéraire et traversons des villages qui voient passer peu de touristes. Dans l'un d'eux nous nous retrouvons avec l'ensemble des enfants du villages à notre suite !


Nous sommes ravis de cette escapade hors des sentiers battus même si la température n'est pas vraiment propice à une telle balade. Au retour, nous plongeons tous dans la rivière pour nous rafraichir.

Le lendemain matin, les enfants font un peu la tête car ils n'ont pas envie de partir, surtout que c'est une journée de montée qui nous attend...Lorsque nous quittons la guesthouse, une jeune fille nous offres des bracelets qu'elle nous noue autour du poignet : certainement pour nous porter chance dans notre voyage.
Nous nous arrêtons le midi dans une cantine où nous repérons d'autres voyageurs à vélo, des hollandais. Ils nous disent que nous sommes célèbres au Laos : ils ont en effet déjà entendu parler de nous avant de nous croiser. C'est rigolo comme les infos circulent entre cyclo-voyageurs. Lorsque nous leurs disons que nous avons fait la carretera austral leur visage s'illumine. Eux l'ont faite deux fois et nous disent que c'est la plus belle route à vélo au monde. Ils disent aux enfants qu'ils ont beaucoup de chance à leur âge d'avoir fait cette route. On ne va pas dire le contraire !

La guesthouse dans laquelle nous nous arrêtons est située tout près d'une plantation de café. Nous y allons dans l'après midi. Des panneaux très bien faits expliquent l'origine du café et comment on passe de la graine à la boisson. Très intéressant. Nous allons faire un tour au milieu des caféiers : la récolte des graines a été faite récemment. Nous les avons vues sécher sur des paillasses au bord de la route en passant.
Sébastien, grand amateur de café profite de cette halte pour s'offrir un expresso, le premier café digne de ce nom depuis que nous sommes en Asie. Il n'est pas déçu : il faut dire que le café du plateau des Bolovens est réputé pour être l'un des meilleurs au monde...




Le lendemain, nouveau petit café après le repas. Cette fois-ci c'est un café filtre mais préparé à la main de manière très précise : l'eau et les grains de cafés sont pesés afin d'obtenir le mélange parfait. 




L'après midi, nous allons voir une cascade. Malheureusement il se met à pleuvoir juste avant notre arrivée. Nous attendons à l'abri que le gros de l'averse passe. Les alentours de la cascade sont très aménagés avec bars, restaurants, magasins de souvenirs et même un petit stand qui vend des viennoiseries ! Mais à 30000 kips le croissant, soit 3 euros, cette fois-ci, nous ne nous laisserons pas tenter...
La cascade est très belle mais pas de baignade cette fois-ci vue la météo.







Le soir nous dormons dans un "home stay" simple mais agréable où nous retrouvons Michel, un français rencontré à Tad Lo qui fait la boucle en moto. Il voyage en Thaïlande et au Laos depuis presque 2  mois et pour l'instant n'a pas de billet retour. Nous passons une très agréable soirée avec lui.

Le lendemain, c'est 40 km, 100% en descente jusqu'à Paksé. Trop bien ! Sur la route nous allons voir encore deux belles cascades, cette fois ci avec petit bain à la clef.




Nous sommes surpris par la quantité de français dans cette partie sud du pays : la quasi totalité des touristes que nous croisons sont des français. Il nous est arrivés à plusieurs reprises de nous retrouver dans des restaurants où la totalité des clients étaient français. Vive le guide du routard !
On n'est pas trop fans de l'idée de se retrouver uniquement entre touristes et en général, on privilégie les cantines où vont les locaux mais ça ne fait pas de mal non plus de pouvoir bavarder un peu avec des compatriotes. Comme c'est les vacances, il y a même des enfants, mais nous n'avons toujours pas croisé d'autre famille à vélo...


mercredi 20 février 2019

Sabaïdii (bonjour en lao)

Après la grotte de Kong-Lor, nous avons continué notre tour de la région des karsts de Khammouane. La plupart des touristes effectuent cette boucle à moto ou scooter en 2 ou 3 jours.
Nous avons quand même croisé à deux reprises d'autres cyclo-voyageurs, des couples de français qui sont partis de France et ont pédalé jusqu'en Asie. Grâce à eux, nous apprenons qu'une autre famille française à vélo avec 3 enfants suit le même itinéraire que nous mais nous précède de 2 jours. Nous aimerions vraiment les rencontrer car Chloé et Sacha seraient heureux d'avoir la compagnie d'autres enfants mais avec ces 2 jours d'écart il parait peu probable que nos chemins se croisent. Petite déception pour les enfants mais on ne sait jamais...

Nous nous étions dit qu'en Asie, nous allions pédaler sur du plat pour nous reposer de la carretera austral mais pour le baptême du voyage à vélo de Katia, nous avons décidé de reprendre la grimpette ! 2 cols à franchir sur les 270 km de parcours...
Après une première journée toute plate après la visite de la grotte, nous avons attaqué les hostilités dès le démarrage de notre 2nd journée avec un col de 8 km avec 500 m de dénivelé à passer et des pentes à 15%. Nous avons eu bien chaud mais tout le monde a franchi la difficulté avec courage. Maillot à pois du meilleur grimpeur pour Chloé qui a quasiment tout grimpé sur le vélo et toute seule !
Vue sur la vallée depuis notre première côte

Belle récompense pour nous remettre de la difficulté de la journée : nous avons fait notre pause de midi dans un site avec une piscine naturelle. Un peu dur de rentrer dans l'eau car elle était bien fraîche mais ce bain s'est avéré bien ressourçant vue la chaleur ambiante. Sur place, il y avait beaucoup de jeunes laotiens venus se rafraîchir après les cours. Chose étrange pour nous : ils se baignent tout habillés, certains mêmes carrément avec leurs chaussures !


Difficile de repartir, mais nous levons quand même le camp assez tôt. Nous avons en effet repéré sur le plan une guesthouse à proximité mais nous ne sommes pas sur qu'elle fasse l'affaire vu le commentaire posté sur Google par un précédent visiteur. Et si ça elle ne convient pas il nous faudra peut être encore faire 30km de plus jusqu'à la prochaine ville.
Verdict : les chambres de la guesthouse ressemblent à des geôles de prison et l'extérieur n'est pas plus engageant. Il est à peine 15h et nous ne nous voyons pas vraiment passer l'après midi ici. Nous croisons des français à scooter qui nous disent qu'il y aurait peut être une autre guesthouse à 10 km mais l'information n'a pas l'air vraiment sure. Après concertation, nous sommes tous d'accord pour tenter notre chance un peu plus loin quitte, dans le pire des cas, à devoir faire les 30 km jusqu'à Laksao, la prochaine ville, si nous ne trouvons rien avant.
Au moment où nous commençons à nous préparer mentalement à pédaler encore 30 km, nous passons devant un restaurant et repérons au fond de la cour un grand bâtiment qui a l'allure typique des guesthouses. Nous rentrons : en effet, ils ont bien des chambres qui sont en plus toutes récentes ; nous avons l'impression d'être les premiers clients. Pour ne rien gâcher, le patron est très gentil et parle quelques mots de français. En plus il y a un restaurant sur place. Tout est parfait !
Encore plus lorsque les enfants des propriétaires viennent proposer à Sacha et Chloé de jouer avec eux au badminton. C'est super car ça manque un peu aux enfants d'avoir des compagnons de jeux. Du coup, on saute l'école pour les laisser jouer. Et même Seb s'y met !




Seule ombre à ce tableau idyllique : le restaurant fait karaoké. Nous y aurons droit de 16h à 22h non stop : musique à fond et chanteurs qui se succèdent au micro en chantant plus faux les uns que les autres.
Malgré cela nous étions très contents de notre "prise de risque" : plutôt que de rester dans la guesthouse miteuse, nous avons passé au final un très bon moment.

Le lendemain, petit trajet jusqu'à Laksao avec des paysages toujours aussi beaux.





Par contre, Laksao s'avère être une ville assez moche et sans intérêt car c'est une zone de croisement  entre la route qui mène au Vietnam et une autre qui part en direction du nord. D'ailleurs, on n'y croise aucun autre touriste. Ceux qui font la route à scooter ne s'arrêtent pas là...

Le lendemain, nous franchissons encore un autre col, mais finalement après le 1er qui grimpait sec, nous trouvons celui ci bien plus facile, quelques km et des pentes ne dépassant pas 12%. Nous nous prenons quand même une bonne suée. Ensuite c'est tout plat jusqu'à notre arrivée à Thalang. En nous rapprochant de l'arrivée, nous commençons à apercevoir des milliers de troncs qui émergent au dessus des eaux d'un lac immense. C'est le lac du barrage de Nam Theun II qui a été créé il y a quelques années sur un affluent du Mékong et qui est le plus grand barrage d'Asie du sud-est. La vision de ces milliers de troncs au dessus de l'eau est surprenante et donne un paysage plutôt esthétique. Malgré tout, nous n'oublions pas que la création de cette retenue d'eau a entrainé la destruction de nombreux villages et a certainement eu un impact sur la faune et la flore.










Nous sommes ravis de notre pause à Thalang. C'est un mini village très calme, mis à part la présence de nombreux touristes - cela change de notre pause la veille à Laksao - et nous avons une très belle vue sur le lac. La guesthouse dans laquelle nous logeons nous rappelle le pays : terrain de pétanque, pain et chocolatines maison auxquelles les enfants font bien sur honneur !

Depuis Thalang, il nous reste 100 km pour terminer la boucle et arriver à Thakhek, au bord du Mékong, soit en théorie 2 jours. 50 km après notre départ, nous faisons une pause déjeuner bienvenue car il est 13h est la chaleur commence à être insupportable. Après cette pause, nous repartons pensant ne faire que quelques km avant de nous poser dans une guesthhouse. Au final, nous ne trouvons rien de bien et poussons toujours un peu plus loin. Au pire, nous savons qu'il y a quelque chose de convenable à 25 km de là. Mais lorsque nous arrivons, il n'y a plus de place : c'est la tuile ! Nous avons déja parcouru 88 km et il est quand même 17h et la nuit tombe à 18h. Il ne nous reste que 10 km jusqu'à Thakhek où nous n'aurons aucune difficulté à trouver de quoi nous loger. Nous repartons donc à fond pour arriver avant la nuit. Nous avons donc terminé la boucle en une étape au lieu de deux : 102 km parcourus dans la journée- un record - avec les enfants qui ont été super courageux et chantaient même sur le vélo durant les derniers kilomètres !
A l'arrivée, nous sommes tous super fatigués, surtout Chloé qui a pédalé toute seule du début à la fin, mais quand même fiers et heureux de notre "exploit".




Le lendemain, on s'offre une matinée de repos. On se balade un peu dans la ville le matin. Katia doit déjà repartir le surlendemain : donc soit nous restons à Takhek jusqu'à son départ pour qu'elle puisse reprendre la bus jusqu'à Vientiane, soit nous allons jusqu'à Savannakhet la prochaine grande ville vers le sud. Comme la ville de Takhek n'est pas très intéressante, nous décidons de pousser vers le sud. Nous hésitons à faire le trajet à vélo sur 2 jours mais ce ne serait pas raisonnable car les enfants sont trop fatigués pour reprendre le vélo aujourd'hui. Donc finalement nous décidons de faire le trajet en bus.

Le trajet jusqu'à Savannakhet sera horrible. Lorsque nous arrivons à la gare, un minibus est sur le point de partir pour notre destination. Pas le temps de réfléchir, les vélos sont montés sur le toit en moins de deux et au moment de monter dans le bus, nous nous apercevons qu'il est déjà presque plein. Pourtant le chauffeur nous affirme qu'il y a bien 5 places pour nous. Si on part du principe qu'on rentre à 4 sur des banquettes pour 3, en effet, il y a la place. Nous passerons donc 3 heures pour faire 130 km dans un minibus normalement pour 14 dans lequel nous serons jusqu'à 21. L'expression avoir le cul entre 2 chaises s'est appliquée pour nous non pas au sens figuré mais au sens propre. Pour couronner le tout, une dame derrière nous passe son trajet à cracher par la fenêtre avec de gros raclements de gorge. Bref que du bonheur... Inutile de dire que nous sommes soulagés lorsque nous arrivons à destination...

Mais le gros évènement de la journée, aura surtout été l'anniversaire de Sacha qui souffle déjà ses 8 bougies. Comme promis depuis plusieurs jours, les enfants ont droit à un hamburger frite pour fêter ça et Sacha est très content de recevoir ses "petits" cadeaux.